Suggestion of the day

Je vous avais donc quitté sur une déclaration de guerre.

Parmi tant d’autres, la fin des sixties voit imploser les Animals.
Eric Burdon, chanteur au grain soul, traverse l’Atlantique et se met
en quête d’une nouvelle troupe. Il tombe sous le charme d’une bande
de francs-tireurs à l’aise dans tous les registres.
« Eric Burdon Declares War » sort dans la foulée de concerts épiques.

Mais l’anglais, légèrement instable, plaque le collectif en plein
milieu d’une tournée. Qu’il en soit ainsi, l’équipée se poursuit, War
s’émancipe et se sublime. Si le groupe décroche la timbale l’année
suivante avec le couronné « The World Is A Ghetto », la précédente plaque, « All Day Music » est déjà une tuerie.

Les sept musiciens hissent des morceaux où groove et soul s’entremêlent et se délayent sur la durée. « Get Down » cadence au son des claquements de mains, « Nappy Head se teint d’un groove latino, les voix sur « Slippin’ Into Darkness » sont royales et à ce propos, « That’s What Love Will Do », extatique, achève littéralement.
Music all day !!!

M.

WAR
« All Day Music »

Suggestion of the day

Troisième album solo de Peter Hammill, tête pensante de Van Der Graaf Generator, et dans lequel officient d’ailleurs les autres membres du groupe, « Silent Corner… » est un classique.

Ce disque d’art-rock progressif offre sept longs morceaux et nous parle, directement ou indirectement, de Hammill lui-même, par le prisme d’une douceur infinie traversée d’intenses moments de furie
et de tension.

Moment de grâce, « Red Shift », baignée de saxophones entêtants
et parcourue de la guitare sensationnelle de Randy California,
guitar hero de Spirit.

DD.

Peter HAMMILL
« The Silent Corner and the Empty Stage »

Suggestion of the day

Saisir le moment. Le mettre à profit pour relayer une conviction
qui vous dépasse. La vie d’Elaine Brown est intimement liée
à la cause noire. Sa paroisse ? Le Black Panther Party…

Encouragée à enregistrer ses chansons par l’organisation,
elle scande à la face du monde ses textes dédiés, on le comprend vite,
à l’ensemble de la working-class et des opprimés de tous bords.
Chaque mot posé est un hymne et le titre « The Meeting » deviendra d’ailleurs celui du parti.

Cette clameur, orchestrée de main de maître par le grand
Horace Tapscott (tentez « The Giant Is Awakened » sur le label
Flying Dutchman), est transcendante. Les arrangements
aussi sobres que cette voix semble millénaire.

C’est un cri de ralliement dissimulé sous un cri de guerre.
Et c’est indiscutablement tout autant l’inverse.
Mais c’est un cri qu’il faut entendre (pour le croire)…

M.

Elaine BROWN
« Seize The Time »

Suggestion of the day

Croyez-le ou non, cette suggestion m’était chère mais pas à l’ordre
du jour. J’avais sous le pied, dans cette humble chronique qui agite mélodieusement mes méninges, deux ou trois escales encore dans
ces déambulations qui n’appartiennent qu’à moi.

Mais voilà, un sms de Vinz plus tard, autant se rendre à l’évidence,
va falloir bouleverser le calendrier mental parce que certaines
affections ne souffrent d’aucun doute et que le large siège qu’occupait Bill Withers dans mon sanctuaire est désormais vacant.

S’il ne m’en fallait qu’un, ce serait son deuxième. Ah, le groove
de « Use Me », les guitares blaxploitation de « Who Is He? »,
l’intro sooo funky de « Kissing My Love » et l’universalité
de « Lean On Me » dont les premières mesures résonnent:

« Sometimes in our lives we all have pain
We all have sorrow
But if we are wise
We know that there’s always tomorrow
« .

« We all need somebody to lean on« . Ça marche aussi avec les disques.
Celui-ci s’appelle « Still Bill » et interprétez-le comme vous le voulez,
il portera toujours bien son nom.

M.

Bill WITHERS
« Still Bill »