Suggestion of the day

Quand il s’agit d’évoquer la scène folk anglaise, Michael Chapman
n’est que rarement le premier cité. John Renbourn, Richard Thompson, John Martyn ou le légendaire Nick Drake (j’en frissonne), évidemment tout aussi recommandables, là n’est pas le sujet, ont
davantage bénéficié d’une exposition médiatique (toute relative
s’entend). Pourtant…

Dès le premier disque, il frappe fort. « Rainmaker » est solide. Son
talent de guitariste, d’emblée, saute aux oreilles. Mais Chapman, tout aussi virtuose qu’il est, s’évertue à déployer sa maestria au service de vraies chansons. Le suivant, « Fully Qualified Survivor », en est à mon sens la parfaite illustration. A ce titre, « Postcards of Scarborough »,
entamée par ce doigté typique, vire un temps ballade avant le déluge électrique, tandis que « The Aviator » s’étale sur neuf minutes si
brillamment charpentées qu’elles en paraissent trois.

Mais le nirvana, cette guitare électrique insensée qui parcourt si
intensément cet album et expédie dans une autre dimension des morceaux comme « Stranger In The Room » ou « Soulful Lady », c’est
la présence au casting de ce diable de Mick Ronson, qui embrasera
bientôt les joyaux à venir de Bowie, qui va le débaucher dans
la foulée pour « Hunky Dory ».

Et le plus beau dans tout ça, c’est que si Mick et David ont depuis
entamé une retraite cosmique, Chapman, grand seigneur, tourne
(il a encore récemment illuminé les Ateliers Claus, merci encore) et enregistre encore, flanqué de certains de ses rejetons spirituels,
Nathan Bowles ou Steve Gunn. Une légende en marche…

M.

Michael CHAPMAN
« Fully Qualified Survivor »

Suggestion of the day

1969, les frères Pat et Lolly Vegas, native americans d’origine
Yaqui et Shoshone, remportent un concours de chant organisé
par Coca-Cola. Motivés par l’expérience, ils foncent à L.A. pour
tenter leur chance.

Hendrix, lui-même d’origine Cherokee, leur suggère
de former un groupe 100 % indien. Conseil suivi à la lettre.
Ce premier double album invente ce que l’on pourrait qualifier
d’Indian Funk. Principalement ces longs instrumentaux au son
dément qui parsèment les quatre faces de cet ovni.

La notoriété sera au rendez-vous via le titre « The Witch Queen of New-Orleans ». L’Europe rendra grâce à « We Were All Wounded on Wounded Knee », qui évoque le massacre des Sioux à Lakota en 1890. Single engagé et donc, banni des ondes U.S.

DD

REDBONE
« s/t »

Suggestion of the day

En parlant d’amour…

Kevin Ayers a tout du demi-dieu. Un univers, un charisme, un timbre
obsédant, un sens absolument inné de la chanson, des albums
fabuleux et bien sûr une reconnaissance populaire éternelle. Pardon?
Ça non? Attendez, non, on me signale que non..

Démarrée avec Soft Machine, la carrière de Kevin Ayers est pavée
de ritournelles diaboliquement exquises, qu’il prend souvent soin
de chiffonner un peu. Histoire qu’on les mérite en grattant bien,
allez savoir… « Joy As a Toy », « Shooting At The Moon » et « Whathevershebringswesing » sont d’indéboulonnables bijoux. Mais « Bananamour » est, comment dire, juste magistral(ement à mon goût).

« Don’t Let It Get You Down » qui ouvre le bal semble issue d’une
session oubliée de « Sgt. Pepper », « When Your Parents Go To Sleep »
est le meilleur exemple d’une blue-eyed soul acidulée (si cela avait
été inventé), la berçante « Hymn » est partagée avec Robert Wyatt
et « Decadence » est le prototype de tout ce que Spacemen 3 fera
lanciner des décennies plus tard.

Tout carillonne, pétille, submerge…
« Oh. Wot A Dream »…

M.


Kevin AYERS
« Bananamour »

Suggestion of the day

A force de parler de guerre, il fallait bien que ça arrive:
Un disque tout entier dédié à la paix et l’amour…

Ras Michael est un vrai rastafari. Né, grandi et éduqué dans la foi
de Jah et au rythme des vibes de Zion. Son groupe, les Sons Of Negus,
est reconnu pour ses tambours et ses chants rituels Nyabinghi, l’un
des piliers de la culture rasta. Une ode percussive et chaloupée à
la tradition et aux racines africaines.

Sa longue discographie s’amorcera par pas moins de trois albums,
rien qu’en 1974. les déjà impeccables « Nyabinghi » et « Freedom Sound » signés par le groupe et cet enivrant « Peace and Love » prêché par Dadawah, alias à usage unique pour un album sans pareil. Quatre longues complaintes, empreintes d’une insondable spiritualité.

Le temps n’a plus cours tout au long des ces impulsions organiques
et de ces harangues vouées à propager un message de liberté
et de dévotion. « Run Comes Rally » est si ferventela basse de
« Seventy-Two Nations » est mortelle, la guitare de « Zion Land »
carrément psyché et c’est bien là tout le sel de l’histoire :
rarement un disque n’aura été aussi high et aussi deep à l’unisson…

M.

DADAWAH
« Peace and Love. Wadadasow »