Townes Van Zandt, est la figure culte. Le loser magnifique. Le clochard céleste. Sa gratte, sa bouteille et sa dope pour seules compagnes. Au travers de son humour, de sa carrière, de son destin, il maniait la noirceur comme personne. On parle d’un type dont la première
chanson s’appelle « Waiting Around To Die ». Qui aura toujours préféré balancer ses quatre vérités au public d’un bar miteux que dans une salle académique. Malgré un soutien d’estime de ses pairs (aujourd’hui
encore, ses ouailles sont nombreuses), le fossé lui sierra toujours un peu plus que le promontoire.
On pourrait tous les citer mais ce troisième est mon préféré. La pochette, pour commencer, est emblématique. Il y réinterprète entre autres,
quatre titres des débuts, qu’il estime enfin à leur juste valeur. Les
rengaines sont brumeuses, le ton désabusé, les textes élégiaques, le chant si mesuré. Tout y est résolument beau à se damner. Peut-être aussi celui sur lequel son talent est le mieux mis en boîte. Il y a même de la batterie sur « Fare Thee Well, Miss Caroussel », c’est dire. Et « Lungs » est sans l’ombre d’un doute, l’une de mes chansons préférées (et son cinglant épilogue « we’ll tell the world that we tried »).
Il y a dans cette musique quelque chose d’unique, presque rien de ce
que j’ai vanté dans toutes les autres tribunes. Pas d’innovations, de
psychédélisme haut en couleurs, de groove mortel, de poignantes
revendications, de brassage des genres ou de pop déviante. Juste une
ode au sort que réserve le quotidien dans ce qu’il a de plus brut, de plus tangible et de plus sincère.
Je ne pourrai être assez élogieux à l’encontre de Townes Van Zandt.
Je pense sincèrement et je ne suis pas le seul, que personne d’autre ne serait parvenu à écrire de telles chansons. J’ai d’emblée entrevu l’envie, au moment d’entamer cette série de suggestions, de faire de ce disque la conclusion cohérente d’une telle aventure.
See you on the other side, guys…
M.
« Townes Van ZANDT »
« s/t »