En cette journée internationale du jazz, je vous toucherai un mot du disque que j’ai probablement le plus célébré, scruté, épluché et partagé, peut-être tous genres confondus, « Eddie Gale’s Ghetto Music ». Disque inexplicablement sous-estimé du répertoire Blue Note, il vaut largement, c’est incontestable, la peine d’être écouté par le plus grand nombre d’oreilles curieuses. Dont acte.
Le trompettiste New-yorkais Eddie Gale a mérité ses galons en
explorant l’avant-garde aux côtés de Cecil Taylor (le défricheur « Unit Structures ») ou en ornant les touches de Larry Young (superbe « Of Love And Peace). Mais c’est au sein de l’Arkestra de Sun Ra qu’il se forge une réputation et un sens de la liberté de ton et d’esprit qui
enluminera irrévocablement son travail.
C’est seul qu’il écrit, arrange et orchestre sa musique du ghetto. C’est sa façon très personnelle de rendre hommage à sa communauté, la fierté d’un héritage dont il est issu et qui jalonne l’histoire de son pays. Celle de sa couleur aussi et de sa contribution à la société, à la culture et à la musique qui en découle. Son jeu, nourri de ces voix et de ces vibrations est, d’un bout à l’autre, le plus réjouissant des
tumultes.
« Ghetto Music » sera conçu comme un concept à part entière, spectacle collectif et total étoffé de costumes, de danse et d’une considération tant dramatique que musicale. Cette pochette d’ailleurs, fort peu
banale dans les canons du jazz, capte instantanément l’attention. Que se cache-t-il derrière pareille troupe ? Une œuvre unique dont la
créativité et l’expressivité gravées dans ses sillons suspendent le temps comme peu d’autres.
M.
Eddie GALE
« Eddie Gale’s Ghetto Music »